mardi 30 août 2016

L'édition

Bonjour ! 

Aujourd'hui, je vais vous présenter l'édition en général. Je suis dans une école d'édition/librairie, donc je vais donc m'appuyer sur mes cours et sur mon expérience en stagiaire (et ouaip, ça ne sort pas de mon imagination débordante, et encore heureux vu le bousin !) ^^ Pour le moment je n'ai passé que deux semaines en stage d'édition, et un an en cours, cela ne va donc pas forcément être très fouillé. N'hésitez pas à commenter, et à poster des questions ou à apporter des éclaircissements !


Une bibliothèque d'ado moyen (l'ex mienne). Mais d'où qu'ils viennent, ces livres, hein ?

En France, le livre n'est pas considéré comme un produit comme les autres.

Existant depuis bien longtemps, passé par plusieurs formes, le livre fait partie des objets de l'humanité. C'est à la fois un produit industriel et de l'esprit, et aucun livre ne peut se substituer à un autre. Il faut donc protéger sa biodiversité. 
Aujourd'hui, son commerce est surveillé par des lois comme la loi Lang (https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006068716&dateTexte=20090602), qui dit, entre autres, commerçant doit vendre le livre neuf entre 95% et 100% du prix décidé par l'éditeur, d'où la possibilité pour les librairies de faire des remises de 5% pour leurs clients, lorsqu'ils ont une carte de fidélité par exemple. 
Pourquoi cette loi ? 
En 1974, le groupe Fnac décide d'ajouter à ses produits les livres. Son pouvoir économique fait qu'il peut se permettre de les vendre à un prix bien inférieur que les petites librairies. Mais ce groupe préfère mettre en vente des livres dont il est sûr qu'ils seront achetés. Vu que les petites librairies disparaissent lentement, les petits éditeurs et auteurs uniquement défendus par elles sombrent. L'Etat, convaincu par Jérôme Lindon des Editions de Minuit, intervient pour mettre fin au massacre en 1981.
Après la loi loi Lang, d'autres mesures sont passées pour protéger la biodiversité du livre, soutenues par des organismes comme l'ADEC (Association de Défense des Editions (et des librairies) et de la Création).
Les lieux de vente doivent donc se concurrencer sur d'autres points que celui économique.
                         
Un livre. (celui que je relis en l’occurrence). Voyez bien que ça ou la pêche pour les nuls, c'est pas la même.

Mais au fait, quel est le trajet du livre entre la tête des éditeurs et auteurs et les nôtres ?

Et bien d'abord, l'éditeur fait son travail : il met en forme, collabore avec l'auteur/les auteurs (écrivain, photographe, dessinateur... Bref, tous ceux qui sont susceptibles de participer à la création du livre !), bref, il se débrouille pour avoir une maquette du volume définitif ! On verra cette partie, notamment autour du travail du texte et de l'image, prochainement. 
Aujourd'hui, dans la majorité des cas, les livres édités sont des commandes : pour la plupart des livres pratiques, beaux livres, etc. les éditeurs démarchent des spécialistes (ou non >_>) du sujet abordé. En littérature, les choses sont un peu différentes : quelques livres sont envoyés par des auteurs étrangers, mais très peu sont retenus. Le spontané est souvent doublé par d'autres moyens de créer ou présenter un livre : circulation d'idées, débats informels entre auteurs et éditeurs... (selon mon prof, les éditeurs font beaucoup de repas au restaurant pour ça, selon ma maîtresse de stage, c'est du foutage de gueule, *tousse*)
Les commandes sont souvent fait selon le climat du moment. Par exemple, ces dernières années, nous avons vu apparaître beaucoup de livres sur l'Islam et les attentats. Mais ça peut être aussi au niveau des livres scolaires, ou bien en fonction de la période de l'année : combien de livres pour enfants sur Noël fleurissent sur les tables de nos libraires préférés quand l'hiver approche ? (Winter is coming, guys ! So money is coming ! (parce que c'est la période où les libraires se font le plus d'argent, toussa toussa)).
Ensuite (ou pendant, cela dépend de l'éditeur), il démarche un imprimeur. En même temps, il crée la fiche technique du livre, composé du titre, de l'auteur, de l'éditeur voir de la collection, de la date prévue de parution, du prix, de la TVA (toujours 5.5% pour les livres) et de l'EAN 13 (les numéros avant le code barre : 13 chiffres séparés en 5 groupes : les 3 premiers, 978, montrent le type de produit, ici le livre; le 4e le code linguistique, 2 si c'est francophone, les 8 suivants le numéro du livre dans les catalogue éditorial, avec au début le code éditeur; et le dernier est la clé de contrôle. Et rentrer tout ça manuellement, c'est pas de la tarte). Cette fiche technique sera utilisée sur Internet, dans les boutiques en ligne de vente du livre, mais aussi par le deuxième maillon de la chaîne du livre, la diffusion/distribution, ou diff/distrib pour les intimes.

La diffusion/distribution est le maillon qui fait le lien entre édition et librairie. Basiquement, tous les flux passent par eux : information tout d'abord, les représentants qui démarchent les libraires font partie de cet intermédiaire, plus particulièrement de la diffusion. Si vous êtes dans une librairie pendant une réunion avec un repré, tendez discrètement l'oreille, c'est toujours intéressant ! C'est lui aussi qui s'occupe des contrats commerciaux des éditeurs auprès des libraires, le contrat d'office. Ce contrat défini la remise des libraires (environ 30%, on en reparlera quand on verra le prix d'un livre), le nombre d'exemplaires automatiquement reçu au niveau des nouveautés, et le contrat de retour alloué au libraire : ce dernier peut renvoyer un livre, entre 3 et 12 mois après l'avoir reçu. La diff/distrib, et surtout la distribution s'occupe aussi des flux "physiques" : transport des livres (et donc stock), et money (facturation). Le fait de s'occuper de ces deux flux est essentiel pour la rapidité de livraison : c'est grâce à ça que vous pouvez commander un livre en librairie, ou bien le libraire recommander après vente d'un ouvrage, et que le livre arrivera rapidement à la boutique. Cela s'appelle le réassort. Les cinq plus grands diff/distributeurs sont Hachette, Volumen, Interforum (appartiennent tous deux à Editis), Sodis et Union Distribution (appartiennent tous deux à Madrigall, cad Gallimard). La plupart des éditeurs passent par ces diff/distributeurs car ils couvrent toute la France. Les autres passent par de plus petits organismes (Harmonia Mundi, mon amour, avec tes cartons bien foutus et bien rangés pour pas salir les bouquins), voir pour les tout pitits éditeurs, qui démarchent eux-même les libraires.

Enfin, le dernier maillon avant vous, c'est la librairie. Physique ou sur Internet, grande ou petite, indépendantes ou appartenant à de grands groupes... C'est elle qui fait en sorte que le public ait un accès facile aux livres, qui informe, donne son avis, fait vivre le tout. C'est elle aussi qui fournit tout ce qui est bibliothèque.

Un livre de math, parce qu'il y a pas que la litté dans la vie

Voilà, j'espère que vous avez trouvé ça intéressant ! Les prochains articles seront (dans le désordre surement) sur le traitement du texte par un éditeur, sur celui de l'image et sur le prix du livre !
Bonne journée, hésitez pas à poser des questions si c'est pas clair, je débute ^^

Sources :
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006068716&dateTexte=20090602
http://www.groupe-fnac.com/index.php/histoire-2/
et puis, heu... Mon cours ? Dispensé par Olivier Bessard Banquy, auteur de L'industrie des lettres, Pocket, 2012.
Pour les photos : moi 

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